Paris, 30 avril [1882], dimanche midi ½
Au galop de mon cœur, mon cher bien-aimé, j’apporte ma restitus assez honteuse du retard causé par les mille riens du tout de ta maison. Il ne sera pas dit, cependant, qu’elle manquera à son devoir qui est de t’aimer en tout lieu, à toutea heure, et en toute occasion. Est-ce parce que nous usons très peu du théâtre que j’y ai pris hier un vrai plaisir, ou est-ce parce que l’admiration naïve de tes enfants [1] était contagieuse, je ne sais ; mais le fait est que je me suis fort amusée et que j’ai trouvé tous les acteurs excellents et la pièce aussi [2]. Dans ce contentement l’espoir de voir bientôt représenter Le roi s’amuse [3] y entre pour beaucoup. Aussi, mon grand bien-aimé, tâche de ne pas mettre de retard dans la distribution des rôles de cette admirable pièce que tout le monde désire, autant que moi, voir en chair et en os comme en génie ! Je t’adore, ne l’oublie pas.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 69
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « tout ».