Guernesey, 9 janv[ier] 1863, vendredi, 8 h. du soir
Cher petit homme, je demande à ton rhume d’être indulgent pour ma migraine, je lui demande en outre de ne pas trop te tourmenter et de t’abandonner le plus tôt possible. Je ne m’excuse pas de t’avoir pas fait ma restitus plus tôt car tu sais que j’ai toujours beaucoup de chiens à fouetter et beaucoup de surveillance à exercer rien que pour ma seule Suzanne et encore je ne viens pas toujours à bout de la maintenir dans la parfaite voie droite ; témoin ce soir où la susdite va un peu en zigzag pour avoir soi-disant bu des restes de lie, mais en réalité pour avoir absorbé plus ou moins de ton vin que le Renouffle [1] aura trouvé moyen de lui glisser à tes dépensa et aux miens. J’espère que cette griserie ne se renouvellera pas de sitôt mais en attendant la chose en elle-même est assez agaçante. Je te demande pardon de m’y être arrêtée si longtemps et je t’aime avec toutes les ivresses de mon âme.
BnF, Mss, NAF 16378, f. 6
Transcription de Chantal Brière
a) « à tes dépends ».