13 juin 1879

Paris, 13 juin [18]79, vendredi matin

Mon cher bien-aimé, je sais que tu n’as pas encore passé une très bonne nuit, ce qui m’attriste parce que je sens que tu as besoin de repos pour mener à bien ton œuvre surhumaine. Mais le moyen de résister à l’influence de ce mauvais temps permanent ? Quant à moi je n’en connais pas ; aussi je subis cruellement tous les caprices du baromètre. En ce moment même je me retiens pour ne pas crier miséricorde tant mon genou gauche me fait souffrir. Je ne retrouve le courage qu’en t’aimant de toute mon âme. Tu trouveras une lettre de convocation du Sénat pour demain très pressante. L’ordre du jour : la formation des bureaux et le retour du Sénat à Paris [1], à une heure réunion dans les bureaux, à deux heures séance publique. Une lettre très longue de Charamaule qui retourne chez lui dans l’Hérault, une lettre de Bonnat qui part pour raison de santé à la campagne et qui ne viendra pas dîner avec toi demain puis un tas de lettres toujours le même. Voilà le bilan de ce matin sans compter mon éternel rabâchage : je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF, 16400, f. 151
Transcription de Chantal Brière