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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juin [1836], jeudi matin, 5 h. ½

Je me suis endormie bien tard en t’attendant, mon cher bien aimé, et je réveille bientôt en te désirant. Je ne désespère pas encore parce qu’il est de très bonne heure et que tu peux encore venir UTILEMENT. Je ne sais pas comment cela se fait mais quand tu viens le matin, je peux dormir tranquillement, et quand tu ne viens pas, je ne peux pas dormir du tout. Cela tient à ce qu’il me faut du bonheur pour vivre, boire, manger et dormir.
J’ai employé mon verrou cette nuit et si vous étiez venu, vous n’auriez pas pu entrer sans ma permission. J’avais exilé M. le chat à cause du voisinage de PUCES, je viens de rompre son BAN. Si tu voyais dans quelle joie et dans quel ravissement il est, cela te donnerait l’envie de venir faire sur ta Juju le même effet. Je peux t’assurer qu’elle n’aura pas plus de rancune que lui de la mauvaise nuit que tu lui as fait passer.
Il pleut toujours, c’est déplorable. Au reste cela me serait égal à passer le mauvais temps ici si j’étais sûre qu’il fera beau pendant notre voyage. Non pas que j’aie besoin de soleil quand j’ai vos yeux, mon adoré, mais c’est un luxe d’ornement qui ne messied pas sur la grande ROUTE. En vous attendant, je t’aime, je t’aime de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 142-143
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette


9 juin [1836], jeudi soir, 7 h. 5 m.

Encore mon cher adoré, que t’arrive-t-il mon Dieu, quoique je sois prévenue que tu travailles ou que tu peux travailler, je ne peux pas m’empêcher de me tourmenter quand je suis deux jours sans te voir. Il m’est arrivé il y a un quart d’heure Mme Pierceau, précédemment était venue la maîtresse de pension et ce matin une lettre de M. Pradier. Je ne l’avais pas encore ouverte quand la maîtresse est arrivée, mais craignant qu’il n’y eût quelque chose pour Claire, je l’ai ouverte. Elle était insignifiante et comme toujours bête. Mon Dieu que je suis triste, je souffre. Oh si tu ne travailles pas et si tu n’es pas retenu par une raison impérieuse tu es bien coupable de me laisser si longtemps sans te voir. Je me suis occupée des apprêts du voyage mais cela ne m’a pas empêchée d’être triste et malheureuse.
Viens mon amour, viens je te pardonne si tu viens très tôt, viens mais viens et je serai trop contente et j’oublierai tout ce que j’ai souffert. Je t’aime, MOI.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 144-145
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

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