Dimanche, 7 h. du matin [1]
[Juillet 1834]
Mon Victor, mon adoré, mon maître, mon amant : quel charmant bonjour j’ai trouvé après une mauvaise nuit. Mais pourquoi ne m’avoir pas appeléea, méchant garçon. Je vous aurais reposé et séché dans mes bras. J’aurais bu avec [mes] lèvres brûlantes toutes les brumes de la nuit qui avaient imprégnéb vos beaux cheveux, vos petites mains, toutec votre charmante personne que j’adore ! Décidément, je suis fâchée contre vous, que cela ne vous arrive plus une autre fois de venir jusqu’à ma porte sans entrer. C’est stupide ! de priver une pauvre femme comme moi de son bonheur et de sa vie, sous prétexte qu’elle dort ! Allezd, je le répète, c’est stupide, c’est admirable, c’est adorable. Je me prosterne sur tes pieds, je les baise, je fonds en amour devant tant de générosité. Je te baise, je te mords, je te caresse, je te bois, je t’aime.
Juliette
C’est égal, vous auriez dû entrer.
[Adresse]
2e
À toi mon bonheur
BnF, Mss, NAF 16322, f. 206-207
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) « appellé ».
b) « imprégnées ».
c) « tout ».
d) « aller ».