27 février 1879

Paris, 27 février [18]79, jeudi matin, 8 h.

Cher adoré, je crains que l’émotion de la soirée n’ait nui^a à ta nuit et que tu aies pas ou mal dormi. Je serais bien heureuse d’apprendre que non pour toi, d’abord, et pour qu’il ne se mêle aucune ombre, aucun regret au souvenir de ce rayonnant et béni anniversaire. Quelle belle fête ! quelle expansion d’amour, de vénération, d’admiration et d’adoration pour toi jaillissait de tous les yeux, de toutes les bouches, de tous les cœurs et toutes les âmes hier en te voyant si beau, si bon, si grand, si sublime toujours ! Sois à jamais béni mon adorable bien-aimé et que Dieu te garde de longs et glorieux jours jusqu’à la longévité la plus prolongée.
Tu as une montagne de lettres, de télégrammes et de cartes en l’honneur de ton radieux anniversaire. Je ne sais pas quand tu trouveras le temps de les lire, quant à moi j’en suis aveuglée, ahurie et attendrie, tout à la fois, et très pressée, aussi, car cela me prend presque tout mon temps dont j’ai besoin pour ton coche et pour le mien, ce qui m’empêche de te bourdonner autant que je le voudrais à ton oreille ce mot pour moi si doux : je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 59
Transcription de Chantal Brière

a) « nuit ».