Paris, 25 février [18]79, Mardi gras, 8 h.
Merci de ta bonne nuit, mon cher bien-aimé ; merci de m’avoir si bien tenu parole ; merci soleil radieux ; merci amour sublime et divin ; merci, Dieu, de ce quarante-sixième complément d’anniversaire du jour avec la date : Mardi gras 16 février 1833 [1] ! En l’honneur de ce doux souvenir j’ai invité Louis Blanc et son inséparable Salles, et Lesclide avec sa belle-sœur. Toute la famille sera au grand complet : je f’rons des crêpes et t’en mangeras ! la consigne sera : être très GEAIS, avoir bon appétit, être très heureux et s’aimer à perte d’âme. Si ce programme te va, tope-là, je t’adore !
À peine étions-nous couchés que Girardin s’est présenté à la porte. Il n’a pas voulu qu’on te dérangeât, cela se comprend ; seulement il a recommandé qu’on te dise qu’il était venu. Voici le bilan des lettres intéressantes ce matin : celle de Charles Edmond [2] te remerciant de l’envoi de ton livre, de Benjamin-Constant idem, de Martin-Dupont rédacteur de L’Impartial de l’Aisne, Vervins qui a fait une conférence sur le Souvenir de la nuit du 4 qui a eu un succès d’enthousiasme et de larmes très poignant. [mots illisibles] lettre d’une dame anglaise Mme Lucy Ducamp qui t’envoie une lettre de Mme de La Cécilia à elle adressée et très curieuse. Plus le monceau quotidien des demandes de secours pour tous les besoins et sous tous les prétextes. Je cherche sans pouvoir le retrouver le nom de la personne à laquellea tu veux écrire aujourd’hui. J’espère que cela me reviendra d’ici tantôt. Une nouvelle nécrologique : Saint-René Taillandier [3] est mort d’une angine couenneuse ; encore une vacance à l’Académie. Espérons que cette fois ce sera Saint-Victor qui passera. En attendant, cher bien-aimé, préparons-nous à fêter dignement demain tes glorieux et sublimes 77 ans. Moi d’abord je m’y mets d’avance corps, cœur et âme. Je te souris, je t’adore et [mots illisibles].
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 55-56
Transcription de Chantal Brière
[Pouchain]
a) « à la qu’elle ».