Paris, 26 janvier [18]79, dimanche matin, 9 h.
VIVAT, mon grand bien-aimé ! Tu as passé une vraie bonne nuit ! Mariette le dit et je veux la croire. Maintenant, que le gros lot luise ou luizerne, je m’en bats l’œil ! Tu m’aimes, je t’adore, le bon Dieu n’est pas mon cousin et toutes les richesses de la terre n’ajouteraient pas un iota à ma bonne fortune. « Contentement passe richesse », dit le proverbe et amour dépasse tout, voilà le vrai du vrai pour moi. Cela ne m’empêche pas de te souhaiter tout ce que tu désires pour toi et pour tes chers petits-enfants que j’aime presque autant que je t’aime. Et à ce sujet, tu trouveras une lettre de Thiaudière bien touchante sur l’accident de Petite Jeanne qu’il a appris par les journauxa [1]. Tu feras bien de lui écrire et de l’inviter à dîner. C’est un homme bon à voir souvent ; il est discret, bien élevé, très intelligent, plein de cœur, qui t’admire et qui te vénère comme tu mérites de l’être, et je m’y connais, moi qui t’adore de toute mon âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 27
Transcription de Chantal Brière
a) « journeaux ».