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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 janvier [1848], dimanche matin, 9 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon pauvre bien-aimé, bonjour, je t’aime, bonjour, bonjour, bonheur, amour et joie. Je suis heureuse en pensant à toi. Je t’aime avec la fleur du premier jour et les racines de quinze ans. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Toutes mes pensées sont à toi, tous mes désirs pour te voir, tout mon bonheur ton amour. Prends garde à ce vilain temps, mon adoré, que tes pieds soient à l’abri de l’humidité. Il paraît que la pauvre Mme Burgot est bien malade. J’ai vu sa cuisinière tout à l’heure qui pleurait. Le médecin ne dit rien, ce qui est un mauvais signe en général. Quant à moi cela m’attriste on ne peut pas plus. Je te supplie, mon bien-aimé, de prendre soin de ta santé et de ne pas t’exposer au froid et à l’humidité par ce temps malsain. Il est important pour ma tranquillité que tu ne négliges aucune de ces précautions car je sens que je ne supporterais pas la pensée de te savoir malade loin de moi. Mon bien-aimé, tu ne sais pas à quel point ma raison et ma vie sont attachées à ta santé et à ton bonheur. Si tu le savais tu ne négligerais aucune précaution pour me rassurer et pour conserver ta belle et fière santé sur laquelle tu te fies un peu trop. Si je t’ennuie de mes rabâchages pardonne-moi et fais ce que je te demande avec tant d’instances et d’amour.

Juliette

MVH, 7834.
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux.


16 janvier [1848], midi ¾

Je regrette bien, mon petit homme que tu n’aies pas pu me lire de Jean Tréjean [1] hier au soir parce que j’en aurais copié aujourd’hui. Tu ne peux savoir quel bonheur c’est pour moi que cette douce occupation sans cela tu aurais fait tous les efforts pour m’en lire quelques pages ces jours-ci malgré ton travail opiniâtre. Je ne t’en veux pas, Dieu le sait. Mais je dis que je le regrette et que cela va me manquer beaucoup aujourd’hui où j’ai du temps devant moi. Cependant si tu viens de bonne heure je ne me plaindrai pas. Pourtant j’ai eu aujourd’hui la visite de l’aimable Céleste [2]. J’ai tort de me moquer de cette pauvre femme qui est vraiment très affectueuse pour moi. Je m’en veux de ne pas prendre au sérieux ses bonnes qualités et de m’arrêter si longtemps sur ses ridicules. Ça n’est pas spirituel ni généreux et je ne mérite pas sa bonne sollicitude. Juju est une bête. Taisez-vous, vous n’avez pas besoin de vous en mêler. On ne vous demande pas votre opinion. On ne vous demande que de m’aimer et d’avoir bien soin de votre cher petit corps. Du reste on vous en tient quitte. Baisez-moi et venez le plus tôt que vous pourrez vous me ferez particulièrement plaisir et vous me rendrez la plus heureuse.

Juju

MVH, 7835
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

Notes

[1Premier titre donné aux Misères, futurs Misérables.

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