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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 novembre [1847], lundi après-midi, 2 h.

Je suis encore bien patraque, mon cher petit homme, sans être positivement malade. Je me sens affadie [1] et courbaturée, on ne peut pas plus. Je me suis levée, pensant que tu viendrais travailler avant ton déjeuner, car sans cela je serais probablement restée au lit toute la journée. Maintenant je n’ai plus que l’espoir de te voir tout à l’heure puisque tu vas au théâtre ce soir [2]. En attendant, je te gribouille mes jérémiades. Encore si cela me soulageait et te faisait venir plus tôt, cela vaudrait la peine de t’ennuyer de mes coliques. Mais comme cela n’y peut rien, je ferais mieux de renfoncer toutes mes lamentations pour ne te dire que des tendresses et ne te laisser voir que le sourire. Tout à l’heure pour me réconforter je vais me mettre à copier. Il me semble que cela me remontera et que je serai toute reverdie au bout de quelques lignes. Il faut que je me dépêche d’achever mes griffouillis pour ne pas m’interrompre et me troubler dans mon TRAVAIL. Je ne me dérangerai avec bonheur que pour vous. Tout le reste me sera odieux, si odieux même que je fais des vœux pour qu’il ne vienne personne, même ce soir. J’ai besoin d’être seule avec toi et avec ta pensée.

Juliette

MVH, α 8006
Transcription de Nicole Savy


15 novembre [1847], lundi après-midi, 2 h. ½

Je poursuis mon bavardage, mon amour, avec une constance digne d’un sujet plus aimable et d’un esprit plus varié. Ce n’est pas de ma faute, mais je suis encore plus stupide aujourd’hui que d’habitude. Cela tient à ma bête d’indisposition probablement. Aussi je n’y veux plus penser. Je ne veux songer qu’au bonheur de te revoir tout à l’heure. Pourvu que tu viennes ? Je suis dans une mauvaise veine et il est à craindre que des affaires ne te retiennent chez toi jusqu’à l’heure du spectacle [3], ce dont j’enragerais bien fort car je me suis misa dans la tête que je n’irais pas mieux tant que je ne t’aurai pas vu.
Justement te voici, quel bonheur !!!!!!!b
Je viens achever ici mon gribouillage pour ne pas le laisser traîner, mais je vais un peu SABRER le STYLE pour aller bien vite auprès de toi. Ce n’est pas très drôle de te faire des élucubrations blaireuses par ici tandis que je peux te donner des bons baisers bien vivants en chair et en os par là. Merci je me dépêche un peu. Toto je t’aime. Toto je te supplie d’être bien sage ce soir. Toto je t’adore.

Juliette

MVH, α 8007
Transcription de Nicole Savy

a) « mise ».
b) Les points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Elle pense plus probablement : « affaiblie ».

[2À élucider. Victor Hugo a-t-il décalé sa sortie à Cléopâtre de Delphine de Girardin, où il devait aller le 13 novembre ? Y est-il retourné le 15 ?

[3À élucider.

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