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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 octobre [1847], lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon Victor, bonjour avec tout ce que j’ai de plus doux, de meilleur, de plus tendre et de plus aimant dans le cœur. Comment va ta pauvre chère femme ce matin ? [1] Il me semble, d’après le désir et le besoin ardent que j’en ai, qu’elle va bien et que vous êtes tous dans l’attente et la joie d’une prochaine convalescence. Je ne serai pas la dernière à m’associer à votre bonheur, mes chers amis, et avec d’autant plus de force que j’ai autant souffert que vous tous de la maladie de cette sainte et bonne femme. J’espère que rien ne sera venu cette nuit retarder cette guérison si heureusement commencée ? J’attends ma Joséphine avec une impatience à laquelle la pauvre fille n’est pas accoutumée. Jamais dans toute sa vie elle n’a été désirée et souhaitée comme par moi chaque fois qu’elle revient de chez toi. Je crois même que je ne pourrai pas m’empêcher de l’embrasser bien fort et sur les deux joues si elle m’apporte la bonne nouvelle tout entière. En attendant, je t’écris et je tâche de trouver dans cette douce occupation la patience qu’il me faut jusque-là. Cher adoré, mon Victor, mon tout, mon âme je ne te quitte pas de la pensée toi et les tiens. Il me semble que j’éloigne par cette contemplation continuelle tous les dangers et tous les malheurs de vous tous. Cette illusion m’est nécessaire pour avoir le courage de vivre loin de vous et loin de la chasser, je la retiens avec amour. Je te baise autant que je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 232-233
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette


11 octobre [1847], lundi après-midi, 1 h.

Le mieux se soutient, mon adoré, et bientôt vous serez tous hors d’inquiétude [2]. Cette bonne nouvelle, à laquelle je m’attendais, ne m’en a pas moins causé toute la joie d’une surprise tant il est vrai que je suis intéressée à la vie et à la santé de [ta] bonne et sainte femme. Ce que j’avais prévu est arrivé. J’ai sauté au cou de ma vieille Joséphine qui n’en a pas été autrement fâchée, vua la rareté du fait. Demain elle ira de bonne heure chez toi et j’espère que cette fois le mieux sera tout à fait décisif et que nous pourrons nous livrer à notre bonheur sans aucune arrière crainte. D’ici là je te verrai tantôt n’est-ce pas mon bien-aimé ? Tous tes soins, tout ton dévouement, toute ta tendresse doivent être pour ta bien-aimée malade. Mais quand ton cœur est rassuré, quand tous tes devoirs sont satisfaits tu me dois bien un peu de pitié et d’amour n’est-ce pas ? Aussi j’espère et j’y compte et je me résigne le mieux que je peux à t’attendre. Si Eulalie était venue aujourd’hui je t’aurais envoyé les poires et les tomates afin de régaler mes chers petits goistapious qui sont plus grands que moi. Ce soir tu me diras si je peux en charger Joséphine. En attendant je t’aime plus que plein mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 234-235
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « vue ».

Notes

[1Depuis quelques jours, Mme Hugo est atteinte de la fièvre typhoïde.

[2La santé de Mme Hugo, atteinte depuis plusieurs jours d’une forte fièvre typhoïde, semble s’améliorer ainsi que le rapporte à Juliette la vieille Joséphine qu’elle a envoyée aux nouvelles, place Royale.

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