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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 12 janvier [18]78, samedi soir, 7 h.

Je t’aime, je te souris, je suis bien heureuse du petit moment de bonheur que tu m’as apporté tantôt. Cela m’a été d’autant plus doux que je ne m’y attendais plus depuis si longtemps que tu sembles avoir oublié de m’aimer. Aussi ai-je été agréablement surprise de ce petit baiser furtif inattendua. Merci, mon cher adoré, tu peux dire avec raison, cette fois, que tu n’as pas obligéb une ingrate. Je viens de donner l’ordre d’introduire tout de suite Mme Duverdier quand elle viendra ce soir. Toi-même, mon grand bien-aimé, tu feras bien de lui donner audience toute affaire cessante. Mais tu es si adorablement bon que tu n’as pas besoin de mes recommandations que je ne me permets qu’à titre de conversation et comme bourdonnement de mouche du coche. Et à ce propos, je te dirai que je suis si fatiguée ce soir de mes six lettres écrites que je n’en peux remuer ni pieds ni pattes. J’espère qu’il ne viendra pas trop de monde ce soir et que nous pourrons nous coucher un peu plus tôt. Entre temps, comme disent les bons Belges, je te fais penser que c’est demain le mois de la cuisinière, je ne te dis que ça ! Maintenant que je t’ai lancé ce pavé en pleine poitrine je tâche d’y faire pénétrer un peu de mon cœur : je t’aime.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 11
Transcription de Chantal Brière


a) « inatendu ».
b) « obligée ».

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