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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 juin 1856

Guernesey, 24 juin 1856, mardi après-midi, 3 h.

Depuis ce matin je travaille pour toi, mon doux adoré, j’effeuille, je cueille des roses que je mets en bouteilles avec du vinaigre pour te faire une bonne provision de bons yeux et de beaux yeux pour cet hiver. Ça n’est peut-être pas très prudent à moi de te fournir d’armes offensives contre mon bonheur mais le désir de te faire du bien l’emporte sur mon propre intérêt. J’ai donc dépouillé le jardin de Mlle Leboutillier de ses plus belles roses avec sa permission bien entendu, pour te composer un bon petit parfum bien tonique et bien rafraîchissant. Maintenant je serais bien contente si tu pouvais venir me voir et me faire sortir un peu mais je ne l’espère pas et je l’exige encore moins. Viens quand tu pourras, mon adoré, et ne t’en fais pas une scie. À propos de scie, je n’ai pas encore de nouvelles du bail [1], ce qui d’ailleurs était presque impossible. Reste jeudi et samedi avant d’avoir le droit de s’impatienter contre la lenteur de nos officieux. Heureusement que nous avons du temps devant nous, ce qui ne m’empêche pas de tourner des regards impatients du côté des trois petites maisons, dont une grande. Tant que cela ne sera pas décidé je serai comme une âme en peine. Voilà ce que c’est que de me fourrer dans l’esprit d’être votre voisine et de LUKOUTER de conserve avec vous [2]. En attendant que mon sort soit fixé, je vous aime de fond en comble et je vous baise par dessus les toits et les moulins. Tâchez de venir un peu plus tôt que six heures, que j’aie le temps de vous voir et de m’assurer que vous êtes bien mon petit Toto depuis les pieds jusqu’à la tête.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 181
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Juliette veut résilier le bail de son logement parisien, cité Cordier.

[2Juliette cherche un logement proche de Hauteville House, la maison que Hugo a achetée le 16 mai 1856.

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