Guernesey, 6 mars 1856, jeudi après-midi, 3 h.
Tu vois, mon cher bien-aimé, combien c’est vrai que tu es la joie de mon âme et la santé de mon corps. Hier, à cette heure-ci, je croyais que j’allais faire une maladie sérieuse tant mes douleurs de tête étaient sur-aiguës mais à peine étais-tu entré dans ma chambre que j’ai [senti ?] ta saine et bienfaisante influence agir sur tout mon être ; si bien qu’à la fin de la soirée j’étais complètement guérie. Aussi Dieu sait avec quelle ardente tendresse je saisis toutes les occasions d’être avec toi et de prolonger les trop courts instants que tu peux me donner. Merci, mon Victor adoré, merci, mon bonheur, merci, ma vie, merci mon [petit Toto ?] j’ai [plusieurs mots illisibles.]. J’espère que tu vas venir bientôt, mon bon petit homme, et que je pourrai te baiser à mon aise en personne naturelle, ce qui n’est pas aussi commode sur un petit chiffon de papier. N’oubliea pas que c’est aujourd’hui le CIDRE Duverdier et je n’ai que cet après-midi pour te voir. Dépêche-toi donc de venir bien vite pour que je ne sois pas trop attristée de la comparaison d’hier à aujourd’hui. En attendant je te baise tout plein et puis encore sans me lasser, au contraire.
Juliette
BnF, Mss, NAF, 16377, f. 79
Transcription de Chantal Brière
a) « N’oublies »