Guernesey, 10 décembre 1857, jeudi soir, 5 h.
Je t’écris sur mon genoua, mon cher petit homme, pour ne pas approcher de tes papiers, mais cela ne me gêne pas pour te donner ma restitus à pieds joints. Il faudrait bien d’autres obstacles pour m’empêcher de te dire mon amour d’une façon quelconque. Quant à moi, je n’en connais pas. Même fussé-jeb paralysée, muette ou morte, mon âme saura bien trouver le chemin de ton cœur beaucoup mieux qu’avec cette stupide plume dont je ne sais pas me servir. Je pense, mon bien-aimé, que tu conduiras toi-même ces dames chez Duverdier ce soir ? Je te verrai encore bien peu aujourd’hui, mon cher petit homme, mais je ne m’en plains pas puisque ta chère famille profite de mon sacrifice. Tâche pourtant de me donner quelques minutes de joie [plusieurs mots illisibles] un peu ma longue et triste soirée.
BnF, Mss, NAF 16378, f. 223
Transcription de Chantal Brière
a) « genoux ».
b) « fussai-je ».