Guernesey, 28 août 1857, vendredi 3 h. ½ après-midi
Mon cœur court après vous, mon adoré bien-aimé, au risque de s’essoufflera à la course. Si vous voyez sur votre chemin un doux oiseau qui vous regarde, c’est lui ; un papillon qui fait l’école buissonnière avec les petites fleurs, c’est lui ; un nuage qui vous suit, c’est lui ; si vous sentez un parfum qui vous saisit, c’est lui ; un zéphir qui vous baise, c’est lui ; un rayon qui vous bénit, c’est lui. Lui, lui toujours, lui partout et dans tout ce qui peut plaire à vos yeux, réjouir votre âme et transporter tout votre être dans les régions du bonheur. Mon doux adoré, je ne t’attends pas avant la fin de la soirée c’est bien long mais je ne m’en plaindrai pas si tu emploiesb ton temps à être bien heureux et à m’aimer un peu. Quant à moi, je ne sais pas comment je pourrais faire pour m’empêcher de ne penser qu’à toi, de ne vivre que pour toi, de n’être heureux que par toi et de n’aimer que toi de toutes mes forces et de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 164
Transcription de Chantal Brière
[Souchon, Blewer]
a) « s’essoufler ».
b) « tu emploie ».