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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 10 janvier 1856, jeudi soir, 5 h.

Aimez-vous l’ouragan, on en a mis partout ? J’espère, mon cher petit Toto, que vous ne vous plaindrez pas du bon Dieu à l’endroit du vent et de la tempête. Le vent de la mer souffle dans sa trompe [1]. Quant à moi, je goûte assez ce GRAND AIR mais je l’apprécierais mieux si je l’entendais auprès de vous. Merci, mon cher petit homme, merci des trois bonnes heures que tu m’as données hier. C’est d’autant plus généreux à toi que cela ne t’amuse pas du tout. Tu fais tout ce que tu peux pour me dissimuler ton ennui mais tu as beau faire, mon pauvre grand bien-aimé, la fatigue de la soirée se montre malgré toi. C’est pour cela que je voudrais me recruter dans ton entourage habituel de deux ou trois convives pour te tenir tête le jour où tu as la bonté de venir dîner avec moi. Oh ! toujours bon, mon adoré, toujours, toujours, toujours. Tu tâches de me donner le change sur ma nullité et tu ne parviens qu’à te faire adorer par moi, de plus en plus. Rien de ce que tu fais pour moi n’est perdu pour mon amour. Mon âme garde fidèlement tous les trésors de sublime bonté que tu répands sur ma vie. Je t’aime, mon Victor, voilà tout mon esprit, ma beauté, ma gloire, ma joie et mon bonheur. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16377, f. 12
Transcription de Christelle Rossignol assistée de Chantal Brière

Notes

[1Citation de deux vers du poème « Une nuit qu’on entend la mer sans la voir », XXIV, Les Voix intérieures, 1837.

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