20 mars 1857

Guernesey, 20 mars 1857, mercredi soir, 6 h. ½

Merci, mon cher adoré d’avoir pensé à m’envoyer le célèbre Mauger ; merci surtout pour toute la bonté que tu as pour moi et que je te paie en admiration. Il est convenu que Mauger viendra lundi prochain à 1 h. prendre les mesures. Cela n’avancera pas à grand chose et pourtant je sens que ce petit prélude d’arrangement réjouit ma pensée et calme mon impatience. Du reste, il faudra que nous convenions de notre attitude vis-à-vis ce brave Guernesiais pour qu’il interprète le moins mal possible mon voisinage et mon exclusion de ta maison ouverte à tous les passants. Hélas ! Ce n’est pas tout que de donner sa vie, son cœur et son âme à l’homme qu’on aime, il faut encore se préserver des la pruderie, de la stupidité et de la malveillance des indifférents, surtout dans un petit pays où^a tout le monde se coudoie, s’observe et se dénigre. Et puis, mon bien-aimé, je veux que tout le monde te respecte et te vénère comme tu le mérites. Pour cela, il n’est pas de précautions, de réserves et de sacrifices que je ne sois prête à faire car je t’aime plus que ma vie et que mon bonheur.

BnF, Mss, NAF 16378, f. 49
Transcription de Anne-Lise Narvaez assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]

a) « ou ».