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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juillet [1838], jeudi matin, 11 h. ¼

Bonjour mon petit homme chéri. Comment vas-tu, mon petit homme adoré ? Tu as oublié ton gant cette nuit. Je m’en suis aperçuea trop tard pour te le donner par la fenêtre. J’ai rêvé toute la nuit les bords de la Marne, bateaux à vapeur, cathédrale, [illis.] bonheur et joie mais ce n’était qu’un rêve. Je donnerais tout ce qui ne serait pas toi, pour que mon rêve devînt bientôt une réalité. Malheureusement, cela ne dépend ni de moi, ni de toi. Nous sommes rivés à Paris cette année et sans pouvoir en sortir à moins d’un grand effort de ta part. C’est mon seul espoir. Je vais déjeuner au moins aussi tard qu’hier, non par taquinerie mais parce que je me suis levée tard, que j’ai mal à la tête et puis faim, chose presque incroyable, n’est-ce pas ? Je compte que la nécessité de vous servir de votre gant, mon amour, vous amènera chez moi tout à l’heure et je m’en réjouis à l’avance. Je me prépare aussi à rester chez moi aujourd’hui et les jours suivants jusqu’à ce que tu aies fini ton travail. Si j’ai autant de courage que d’amour, ça ira bien mais si le courage me manque, je te prie de ne pas m’en vouloir. Je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 17-18
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « apperçue ».


5 juillet [1838], jeudi soir, 6 h.

Je t’écris mon bon ange avec un mal de tête qui ne se conçoit pas. Je suis abasourdie, il me semble toujours que je ne pourrai pas résister à des douleurs aussi violentes. Je ne sais où me fourrer pour souffrir moins. J’essaye de t’écrire : cela fera toujours une heureuse diversion. J’ai envoyé tout à l’heure Suzette à la pension savoir des nouvelles de Claire et porter des vieux linges pour l’œil malade. Elle a pris une médecine ce matin et son œil s’est un peu ouvert sous la douche. Voilà la nouvelle. Du reste, Claire se sent mieux et j’en suis très contente. J’ai envoyé en même temps chez Mme Lanvin. La pauvre femme est toujours dans un état déplorable. Cela m’inquiète beaucoup car c’était la seule personne sûre que je pouvais envoyer chez M. Pradier. Si je la perdais, je serais bien embarrasséea. Il faut espérer que je n’aurai pas ce malheur-là. Mon cher petit bien-aimé, je t’adore. Ne doute jamais de moi et aime-moi un peu pour tout l’amour et le dévouement que j’ai pour toi. Je fais tout mon possible pour n’être pas trop malheureuse de ton absence. Je ne réussis qu’à t’aimer davantage.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 19-20
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « embarassée ».

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