Paris, 23 décembre [18]73, 11 h. ½ du matin
J’espérais de meilleures nouvelles de ton fils [1], mon pauvre bien-aimé, car il paraît que la nuit a été encore troublée par la diarrhéea. Allix l’a vu ce matin mais on ne sait pas comment il l’a trouvé, puisqu’il n’y a qu’à Mme Charles qu’il ait parlé. Je sais seulement que tes petits enfants passent la journée chez Mme Ménard avec leur petite fille [2] et tout un monde de poupées et de joujoux ; c’est autant qu’il en faut pour les rendre heureux. Si tu veux nous pourrons aller tantôt savoir comment se trouve ton cher malade. Je serais si heureuse si nous pouvions rapporter de meilleures nouvelles que celles de ce matin que, si je n’écoutais que mon impatience, j’irais tout de suite les chercher ; la journée est si belle que je compte sur sa douce influence pour lui redonner un peu de calme et de force. Je suis forcée, mon pauvre tourmenté, de te rappeler que je n’ai pas d’argent et que les dépenses, loin de diminuer à ce moment de l’année, augmentent encore de beaucoup à cause des Étrennes de toutes sortes et sous toutes les formes, témoins mes bottines d’hier, et le blanchissage d’aujourd’hui, rideaux compris, et le facteur ce matin. Quoique cette histoire doive t’ennuyer beaucoup, je la recommence tous les jours, hélas ! Et pourtant, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 355
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « diarhée ».