Paris, 21 octobre [18]73, mardi soir, 5 h. ¾
Puisque tu le permets, mon cher petit grand homme, je prendrai un jour moins sombre et moins sale pour excursionner avec toi en omnibus que celui d’aujourd’hui ; peut-être aussi serai-je plus confiante en moi-même et par consé[quent] mieux disposée à ressentir le bonheur que tu m’offres ; ce soir je ne me sens pas en veine de bonne chance, aussi je me résigne par prudence à rester chez moi à attendre les yeux fermés que tu me reviennesa. Je regrette que tu sois sorti malgré cette froide brouillasserie, à cause de ton rhume qui ne peut qu’augmenter dans cette humidité malsaine des rues de Paris ; le sage aurait été de rester auprès d’un très bon feu ; mais je me rassure en pensant que tout ce qui serait imprudent pour les autres mortels te réussit à toi. Te voilà ; sois béni, mon cœur se dilate.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 297
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « revienne ».