Guernesey, 16 août 1859, mardi matin, 6 h. ¾
Bonjour, mon cher éveillé, bonjour. J’ai beau me lever de bonne heure, votre fenêtre est encore plus matinale que moi. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon bon petit homme, et que ton dérangement de corps est passé. Il le faut pour que nous puissions faire notre petit trip ce soir au cabaret nouveau. Seulement j’aurais besoin s’il est bien décidé que nous dînons ce soir ensemble pour ne rien faire faire chez moi. Puisque nous n’avons que huit jours à nous, tâchons de les bien employer. Quant à moi, je ne m’y répargne pas, comme dit Suzarde. Je tâche même de mettre les morceaux doubles le plus possible car je prévois un carême de quarante jours qui ne sera pas très régalant pour moi, car c’est à peine si je pourrai te voir pendant que tu seras en proie aux visiteurs. Aussi, mon adoré, je ne fais pas la petite gûle et j’avale sans mâcher tout le bonheur que tu voudras me donner d’ici là.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 186
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette