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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 août [1846], lundi soir, 9 h.

Je ne t’avais pas encore écrit, mon doux bien-aimé, quand tu es venu, ce qui ne veut pas dire que je ne t’avais pas désiré et aimé de toutes mes forces, au contraire, mais j’en avais été empêchée par mille riens qui s’emmaillent les uns dans les autres et qui prennent le plus clair de la journée. Ce soir, j’avais mes jeunes filles [1] avec lesquelles j’ai parlé de toi toujours. J’ai tant besoin de t’aimer et de t’admirer que je le fais à tout propos et à tous les instants de ma vie et n’importe où et avec qui. Du reste, je ne peux pas trouver mieux que ces deux pures et charmantes jeunes filles si intelligentes. Depuis la pauvre Mme Pierceau et ma pauvre enfant [2], je n’ai pas trouvé de cœur et d’esprit qui me comprennent si bien que ces deux bonnes et douces créatures. Aussi, j’aurais voulu qu’elles prolongeassent leur visite jusqu’à ton retour, quitte à t’écrire tout ceci demain matin. J’espère que ton Charlot va toujours de mieux en mieux et que cette nuit sera encore meilleure que la dernière [3]. Je t’attends tout à l’heure, tout à l’heure ! Hélas ! dans bien longtemps, si tu ne dois pas venir plus tôt que d’habitude. D’ici-là, je tâche de retrouver ton souvenir dans tout ce que tu as dit, dans tout ce que tu as fait, dans l’air qui t’a touché et que tu as respiré, dans ton doux sourire qui est resté dans mes yeux et que je vois comme si tu étais encore là, dans ton baiser qui me brûle encore les lèvres et le cœur. Enfin, je t’évoque par toutes les puissances de mon amour et je te parle comme si tu pouvais m’entendre. Mon Victor bien-aimé, mon doux ami, mon divin adoré, je t’aime. Tâche de venir bien vite que je puisse te le dire dans un baiser. Je t’ai bien peu vu aujourd’hui, pâresseux. Dépêchez-vous de venir me rabibocher s’il vous plaît et même s’il ne vous plaît pas. J’ai le plus grand besoin de votre auguste et sacré museau tout de suite, tout de suite, c’est très pressé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 87-88
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Les sœurs Rivière.

[3Charles Hugo se remet de la fièvre typhoïde.

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