Paris, 3 février 1880, mardi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, il m’a semblé que ta nuit avait été meilleure que la précédente ? J’espère ne pas m’être trompée quoique tu paraisses en douter ce matin. Je ne sais pas si tu iras au Sénat aujourd’hui car l’ordre du jour me paraît aussi insignifiant que celui d’hier. Voici, au reste les heures comme elles sont indiquées : à deux heures réunion dans les bureaux, à trois heures séance publique. Selon ce que tu décideras, je m’apprêterai à t’y suivre et à t’attendre dans la voiture ou à rester avec toi au coin de mon feu. Dites, donc, Môsieur le Sénateur, tâchez de payer vos nouvelles dettes et de me donner un peu d’argent pour les besoins incessants de votre maison.
J’ai beau vous aimer et vous aimeras-tu [1], cela ne met pas de l’argent dans ma poche. Croyez-le bien.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 35
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin