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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 9 janvier 1880, vendredi matin, 11 h.

Cher bien-aimé, je suis allée trois fois ce matin chez toi pour t’embrasser et pour te donner tes œufs [1] mais tu dormais si bien que je n’ai pas eu le courage de te réveiller, surtout ignorant comment tu avais passé la nuit.
Quant à moi, mon doux adoré, si on mouraita de mal avoir, je ne serais pas vivante à l’heure où je te gribouille ceci car j’ai passé une nuit terriblement douloureuse. Aussi je suis à quia [2] ce matin et il faut tout mon courage pour ne pas me recoucher. Mais je sais que ton petit Georges doit venir déjeuner seul avec nous ce matin et je ne veux pas manquer de lui faire les honneurs de la table et puis j’ai une lettre de la banque d’Angleterre que je tiens à te porter en main propre. Toutes ces choses et un tas d’autres qui intéressent mon cœur me font résister à la tentation d’être malade pour de bon. Je vais de ce pas te le prouver unguibus et rostro. [3] Fichtre, c’est un latin sérieux, ceci, et qui m’épouvante moi-même.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 12
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) « mourrait ».

Notes

[1Hugo avait l’habitude de manger deux œufs crus le matin. Il décide de noter cette habitude dans ses carnets à partir du 12 décembre 1879.

[2Être réduit, réduire quelqu’un à ne pouvoir répondre (Dictionnaire de Littré)

[3Bec et ongles. On trouve cette expression latine notamment chez Molière, dans Le Mariage Forcé, dans la bouche de Pancrace, docteur aristotélicien pédant.

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