Paris, 4 janvier 1880, dimanche midi
Comme nous avons bien fait hier, mon cher bien-aimé, de profiter du beau temps si vite remplacé par le brouillard le plus épais et le plus triste et comme nous faisons bien mieux, encore, en confondant nos deux âmes dans une mutuelle adoration malgré les douleurs, les malentendus, les colères et les désespoirs des choses de la vie qui aveuglent trop souvent notre amour, et qui troublent notre bonheur. Malgré ta mauvaise nuit et malgré la mienne, peut-être plus mauvaise encore, je sens au fond de mon cœur une incommensurable tendresse qui rayonne sur toi et qui te bénit. Je voudrais pouvoir baiser tes yeux, ton front, tes mains, tes pieds et m’abimer en toi dans l’extase sainte comme les anges devant Dieu.
Cher bien aimé, je te souris, je t’admire, je te vénère, je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 7
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin