Guernesey, 22 avril 1859, vendredi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme ; bonjour avec le sourire d’un bon réveil après une bonne nuit. Bonjour, je t’aime, je t’adore et j’espère que tu te portes encore mieux que moi. Je t’attend de bonne heure aujourd’hui car tu n’as pas de Mauger qui exige ta présence et ta surveillance continue. Quant à moi, j’ai à faire les comptes de répartitiona de la succession de Suzanne, ce qui est assez fastidieux en soi et pour moi par dessus tout. Mais je m’y suis engagée et je tiens à le faire de mon mieux et tout de suite. C’est une satisfaction de conscience que je tiens à me donner envers cette pauvre fille qui, du reste, ne m’en sera ni plus [ni] moins désobligeante à l’occasion. Et à ce propos, j’aurais bien désiré te donner plus tôt le tonneau dont tu as besoin. Pour cela, j’attends qu’on vienne mettre mon vin en bouteilles. Est-ce que QUESNARD ne t’a rien dit à ce sujet ? Il s’était pourtant chargé de me faire savoir quand le tonnelierb pourrait venir. Dès que l’opération sera faite, je t’enverrai le tonneau vide séance tenante. En attendant, je t’aime à outrance et je te baise sans merci.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 106
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « répartitions ».
b) « tonnellier ».