Guernesey, 15 avril 1859, vendredi, 8 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé. Bonjour et que tout ce que tu désires s’accomplisse aujourd’hui et toujours. Comment vas-tu, as-tu passé une bonne nuit, n’as-tu pas été mouillé dans le trajet Duvergier ? Je pensais à toi à chaque nouvelle trombe de grêle et de pluie car j’ai très peu et très mal dormi. Aussi, ce matin je suis brisée et énervée à un point inexprimable. Peut-être quand je me serai un peu débarbouillée que cela ira mieux. Déjà, depuis que je cause avec toi, le bandeau de ma pauvre cervelle se desserre un peu. J’espère que je serai tout à fait guérie à la fin de mon gribouillis, ce ne serait pas la première fois que cette cure miraculeuse aurait eu lieu. Telle est la force de mon amour qu’il porte à âme [tendue ?] toutes les infirmités et toutes les misères de sa pauvre humanité. Mon Victor, je t’adore, voilà ma panacée.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 99
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette