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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 juillet [1844], mercredi matin, 11 h.

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon divin, mon ineffable bien-aimé, bonjour, je t’aime. Comment vas-tu mon pauvre adoré ? Comment va ton pauvre cœur triste ? As-tu pris quelque repos cette nuit, mon cher bien-aimé ? Je ne peux pas détacher ma pensée de toi, mon Victor, je sens tout ce que tu sens, je souffre quand tu souffres. Je suis avec toi partout et toujours, mon Victor adoré. Pense à ceux qui t’aiment et dont tu es la vie. Sois consolé et béni, mon cher bien-aimé, mon âme, mon Dieu, mon tout. Je voudrais être auprès de toi en ce moment, mon Toto, pour baiser tes pieds, pour te caresser et pour t’adorer. Je t’aime. Quand tu voudras travailler à la maison, mon Toto, tout sera prêt et rien ne te troublera ni ne te dérangera. Penses-y et ne te gêne pas, tu me combleras de joie. Te sentir auprès de moi, même à travers une porte, c’est du bonheur. Aussi, mon Toto, je te supplieade regarder ma maison comme la tienne et de l’habiter le plus que tu pourras.
Je voudrais bien avoir à copier, quoique je sache d’avance que cela te donnera bien de la fatigue et bien du travail. Mais c’est si doux de mordre à même tes pensées sublimes que l’eau m’en vient à la bouche rien que d’y penser. Je voudrais que tu aies enfin terminé avec tes stupides et rapaces banquiers. Mon Toto bien aimé, je t’aime. Je prie le bon Dieu pour toi et pour tous ceux que tu aimes. Je t’adore mon Victor chéri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 247-248
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « suplie ».


10 juillet [1844], mercredi soir, 6 h.

Tu es venu deux fois, mon bien-aimé, deux fois bien courtes, mais ces deux fois ont été deux rayons de soleil dans mon âme. Je t’embrasse deux cents millionsa de fois pour ces deux petites apparitions. Je t’aime, mon Victor. Si tu ne travailles pas ce soir, viens me chercher, nous marcherons ensemble, cela me fera du bien et du bonheur à la fois. Si tu ne peux pas venir, mon Toto chéri, je ne t’en voudrai pas, je serai bien courageuse et bien résignée, du moins, j’y ferai tout mon possible. Je regrette de ne t’avoir pas donné une paire de mes bons gants de Suède. Ceux-là te feront beaucoup de profit parce qu’ils sont très solides. Du reste, je suis toujours pour ce que j’en ai dit avec les gants à 14 s. Je les trouve trop CHERS ! Il est évident que sur une douzaine, il y en a au moins 8 paires de mauvaises. À ta place, je prendrais des gants glacés à 95 s. qui me paraissent très beaux et très bien faits. Tu peux en essayer puisque j’en ai à la maison, ce sera toujours une très grande économie, même à ce prix-là, et surtout une plus vraie.
Jour Toto, si je vous ennuie envoyez-moi promener……b avec vous et vous verrez si je me ferais tirer l’oreille. Ia, Ia, monsire, matame, mamzelle Chichi aime peaucoup se bromener avec son dodo, c’est la féridé !
Bonsoir, Toto, bonsoir, mon cher petit Toto, je vais bien te désirer pour te faire venir bien vite. Hum ! Si cela ne dépendait que de cela, tu serais déjà ici et tu n’en sortirais jamais que pour y rentrer tout de suite. Je baise tes pieds mignons.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 249-250
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « million ».
b) 6 points de suspension jusqu’à la fin de la ligne.

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