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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 février [1837], jeudi, midi ¼

Bonjour mon cher cher petit homme. Je vous aime de toute mon âme.
Jour, je suis une vieille bête, je vous demande bien pardon. Vous êtes mon Toto adoré, jour, jour, jour, onjour. J’ai assez bien dormi cette nuit, je me sens un peu mieux ce matin, quoique la gorge et la tête soient encore douloureuses mais je vous aime avec beaucoup de persil frit.
Je voudrais bien recevoir mon petit dessin. M. Toto Victor Hugo en a assez joui. On peut bien me le rendre à présent, ça ne serait que juste.
Mon cher petit oto je voudrais bien vous baiser. Je ne vous en veux pas de n’être pas venu cette nuit, pauvre cher petit homme, parce que je suis sûre que vous avez travaillé pour moi au risque de vous fatiguer et de faire mal à vos yeux adorés. Je voudrais bien être riche pour vous empêcher de vous tuer comme vous le faites pour moi, il me prend des rages d’ambition quand je pense à cela.
Je voudrais être une GRANDE ACTEUSE. Je ne vous aimerais pas plus, mais je vous serais moins à charge et nous serions tous les deux plus heureux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 141-142
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette


9 février [1837], jeudi soir, 8 h.

Mon cher petit homme bien aimé, vous êtes très bon, très indulgent et pas du tout soupçonneux et je vous aime et vous êtes mon beau, mon grand Toto.
Je suis un peu malingre dans ce moment ci, mais il faut convenir que je souffre vraiment beaucoup de partout.
Vous avez reçu un bien beau machin de M. Joly, je vous défends de le donner à personne, pas même à moi, je veux que vous le gardiez. Au besoin, je vous le garderai, s’il le faut, plutôta que de vous le voir donner.
Mon dîner n’est pas encore prêt, mais comme je ne sortirai pas ce soir ça m’est égal et à vous aussi.
Je voudrais bien faire une grosse débauche chez le célèbre Pressoir [1]. Vous seriez bien gentil de satisfaire d’ici à très peu de temps cette envie de femme qui n’est pas grosse.
Jour mon petit oto. Je vous aime de tout mon cœur et je suis presque plus méchante.
C’est bien bon de ma part, aussi j’espère que vous viendrez très tôt m’en remercier et m’en faire vos compliments bien sincères. En attendant je pense bien à vous et je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 143-144
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « plus tôt ».

Notes

[1Restaurant réputé.

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