Lundi matin, 11 h. ¾
Je vous ai attendu et vous n’êtes pas venu, tant pis pour vous, parce que j’étais toute disposée à vous bien recevoir, et à payer toutes mes dettes, ce matin. Je vais me lever, je vais m’habiller jusqu’à ce soir. Nous verrons comment vous vous comportez d’ici là. Cela ne m’empêche pas d’être folle de vous, cela ne m’empêche pas de vous aimer de toutes mes forces.
J’ai regretté que ma lettre d’hier fût empreinte d’un sentiment de tristesse et de reproche que vous ne méritiez plus lorsque vous l’avez prise. J’aurais voulu pouvoir la changer et mettre à la place autant de joie qu’il y avait de tristesse, autant de confiance qu’il y avait de soupçon. Pour de l’amour, je n’avais à y ajouter que celui que j’avais amassé dans la journée, ce qui aurait fait encore un gros morceau en plus. Tu vois bien que, quand je suis méchante injustement, je le regrette et je t’en demande pardon. Tu vois bien aussi que dans tous les cas, je t’aime à l’adoration.
[Adresse]
À mon cher Toto
BnF, Mss, NAF 16324, f. 108-109
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette