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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 janvier [1837], dimanche, midi ¾

Jour mon bon petit homme chéri, je suis toujours dans le même état, vous aimant de toute mon âme et souffrant du mal de tête de toutes mes forces. Je renoncerais volontiers à [illis.] avantage.
Mon petit Toto chéri j’ai rêvé de vous toute la nuit et des bons petits rêves des trop trop bons même parce que c’est bête de pousser si loin l’enthousiasme en rêve surtout quand on est seule.
Je voudrais bien vous voir avant minuit. Si vous êtes bien bon bien gentil vous viendrez passer le reste de la journée avec votre pauvre vieille bonne femme. Cela lui enlèverait son mal de tête comme avec la main si elle vous voyait seulement une heure de suite : cher bon petit homme adoré, il ne faut pas seulement être un beau et ravissant petit homme comme vous l’êtes. Il faut encore être un petit peu amoureux de votre pauvre Juju qui vous aime tant qu’elle en perd la tête.

J.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 31-32
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


8 janvier [1837], dimanche soir, 4 h.

Mon cher petit Toto pensez-vous à moi pendant que je vous aime. M’aimez-vous un peu tandis que je vous désire et que je vous attends ? Il a fait une belle journée aujourd’hui à la boue près. J’aurais bien volontiers sorti avec vous si vous aviez voulu. Je suis dans ce moment-ci toute seule, la bonne ayant demandé à sortir. Quand je dis toute seule j’exagère car j’ai une amoureuse de première classe qui fait retentir l’air de son douloureux martyre. Dieu merci si toutes celles qui sont dans ce cas là se plaignaient aussi haut on ne s’entendrait bientôt plus sur la terre. Heureusement qu’il en est de plus concentrée.
Mon cher petit Toto il est probable que vous êtes en fête et en gala aujourd’hui. Tout ce que je vous demande c’est de ne pas m’oublier au milieu de toutes vos joies car pendant que vous serez joyeux et festivant moi j’aurai les larmes aux yeux et la tristesse dans le cœur. Aimez moi, mon cher petit Toto, je le mérite bien assez.
Je ne veux pas gâter votre belle joie par mon chagrin, je me dépêche de vous baiser partout avant que mes yeux mouillés ne m’empêchent de voir où je mets mes lèvres.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 33-34
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

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