Guernesey, 7 juillet 1860, samedi, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher petit matinal, bonjour, je t’aime et toi ? As-tu bien passé la nuit ? Quant à moi j’ai dormi à la façon de Suzanne « toute la nuit sans me REPOSER ». Cela ne m’arrive pas souvent mais il n’y a rien de tel que de sortir de ses habitudes pour faire mieux ou pire que les autres. Je viens de relire la boutade d’Herzen [1] mais sans en comprendre la portée. Tu verras toi-même ce que tu en penses car c’est très court et ne te dérangera pas pour longtemps. Je voudrais que tu puisses en même temps prendre la minute nécessaire pour me donner l’explication que j’attends depuis plus de quinze jours. Je te demande pardon, mon pauvre petit homme, de te fatiguer de mes obsessions intéressées et je te promets de te laisser tranquille après cette dernière-ci. Tu as oublié d’acheter de l’encre et des pains à cacheter pour chez moi mais j’y suppléerai en envoyant Suzanne. Quand je parle à ma CORRESPONDANCE A L’ETRANGER MES GUEVEUX se dressent sur ma tête et mes gambes [2] se dérobent sous MOI. Que j’aimerais bien mieux avoir un autre trâvâ [3] que celui-là à faire ; encore si j’étaisb une dame ! Mais je ne suis qu’une REPUBLIQUE de là Haut qui vous aime de haut en bas.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 177
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « Hertzen ».
b) « était ».