Paris, 1er octobre [18]77, lundi soir, 7 h.
Cher bien-aimé, grosse bonne femme vit encore et t’en donne la preuve dans ce gribouillis retardataire. J’espère même être guérie d’ici au dîner. Malheureusement cela ne fera pas que j’aie entendu vos deux admirables toasts de Vacquerie à toi et de toi à Vacquerie hier soir pendant que je me tordais seule dans ma chambre en proie à la néphrétique. Ce n’est pas le silencieux et impassible Schoelcher qui en prendra l’initiative ce soir, aussi mon regret n’en reste que plus entier à moins que tu ne te livres, comme je l’espère, à une nouvelle improvisation aussi merveilleuse, aussi attendrissante et aussi sublime que celle que tu as faite hier. Malheureusement, je le répète, l’agent provocateur Vacquerie manque et Rey lui-même n’oserait pas te faire cette sorte d’invite. Mais je me trouverai suffisamment indemnisée si tu me dis quelques bonnes paroles bien tendres accompagnées d’un sourire bien doux pendant le dîner. Que je sente que tu veux que je vive parce que je t’aime et que tu m’aimes.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 266
Transcription de Guy Rosa