13 mai [1842], vendredi après-midi, 2 h.
La promesse d’hier a porté des fruits mon cher adoré bien-aimé, j’ai eu des rêves affreux toute la nuit et maintenant j’ai un affreux mal de tête qui me laboure le cerveau, je ne sais plus où je suis. Que le diable emporte sur ses cornes l’atroce péronnelle qui vient troubler mon bonheur déjà si agité et si mêlé de toutes sortes d’inquiétudes et de tourments. Pauvre ange adoré, à toi toutes les bénédictions de la terre et du ciel pour ta bonté ineffable et pour ta douceur divine. Il est impossible d’être plus doux et plus indulgent, plus beau et plus ravissant que toi. Je t’aime mon amour adoré, je t’aime de tous les amours à la fois. Je voudrais donner ma vie pour toi. Jamais femme plus jeune, plus belle, plus aimable et plus spirituelle que moi ne t’aimera de l’amour tendre, dévoué, admiratif, exclusif et passionné comme je t’aime moi, pauvre femme. Mon Victor, mon Victor en te demandant ton amour c’est ma vie que je te demande. Je ne pourrais pas vivre sans toi. Tu es l’air que je respire et le soleil qui me réjouit les yeux et l’âme. Je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16349, f. 39-40
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette