Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1860 > Octobre > 28

Guernesey, 28 octobre 1860, dimanche, 1 h. après-midi

Je te donne ma pensée, mon cœur, mon âme à tous les instants de ma vie, mon doux bien-aimé, mais je ne suis pas toujours maîtresse de l’heure de ma restitus, comme tu vois. Cela dépend souvent de mes petits embarras domestiques et de la nécessité dans cette saison humide de m’habiller tout de suite en me levant au lieu de t’écrire au saut du lit comme je le faisais tous les matins dans la belle saison. Du reste, mon doux adoré, tu ne perds rien pour attendre, au contraire, car tout ce [que] je te bégaie si imparfaitement et si inintelligiblement avec le bout de ma plume, ma voix intérieure [1] te le dita en langue divine qu’on ne parle qu’au ciel. Jamais je ne pourrai te dire avec des mots humains comment et combien je t’aime. Ce bonheur n’est réservé qu’à mon âme quand elle sera tout à fait et pour l’éternité la compagne de la tienne. Jusque-là, mon cher adoré, je ne peux que te gribouiller mes pauvres tendresses à heures irrégulières et à mots décousus mais puisque tu t’en contentes je n’ai pas le droit d’être plus difficile que toi. Quelle belle journée encore aujourd’hui et quel dommage que tu aies tant de lettres à écrire ! Cependant je vais me tenir prête à tout évènement dans le cas oùb il te resterait assez de temps pour en profiter. Et puis je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 282
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « dis ».
b) « ou ».

Notes

[1Allusion au recueil de poèmes de Hugo Les Voix Intérieures (1837).

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne