Guernesey, 7 août 1860, mardi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher adoré bien-aimé ; bonjour, que ton amour soit avec moi comme le mien avec toi et que Dieu nous protège. Comment vas-tu ce matin, mon cher petit homme ? As-tu passé une vraiea bonne et bienfaisante nuit ? Tu me diras cela tantôt quand je te verrai ; jusque là je ne peux que l’espérer en le souhaitant ardemment. Bien m’en a pris d’ouvrir le rouleau de L’Homme [1] car il eût été dérisoire de demander à compléter une collection à laquelle il manque tout... ou peu s’en faut. D’abord les 48 premiers numéros plus 54 autres depuis le 28 Xbre jusqu’au 24 février de 1855 à 1856. Total 106 numéros sans compter peut-être ceux qui ont été publiés après le 4 août 1856. La réalité c’est que je possède 29 numéros ce qui ne constitue pas une collection. Je croyais en avoir davantage et je ne comprends pas comment j’ai pu me tromper à ce point. Je le regrette parce que tu y tenais et que c’était un petit monument de l’exil et un souvenir de ce pauvre Ribeyrolles. Heureusement ton fils en a un exemplaire complet que tu pourras toujours revoir et consulter quand tu voudras. Une autre fois, mon cher adoré, il faudra me dire plus tôt quelles sont les choses que tu désires sérieusement conserver. En attendant, ce qu’il faut que nous conservions plus que notre PROPRE VIE, c’est notre amour. Quant à moi je m’engage à te le rapporter entier devant Dieu le jour où il nous appellera à lui.
Juliette
BnF, Mss, NAF 6381, f. 207
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « vrai ».-