Guernesey, 29 oct[obre] [18]72, mardi matin, 7 h. ¾
Cher bien-aimé, ce n’est pas mon bonjour que je te donne ce matin mais ma bonne nuit qui dure encore car mes yeux sont si pleins de sommeil que je peux à peine les ouvrir. Ce pionçage extra et profond est cause que je ne t’ai pas vu et que je ne sais pas à quelle heure tu t’es levé. Je serais bien contente si c’était très peu de temps avant moi, cela prouverait que ta nuit a été presque aussi bonne que la mienne, ce que je souhaite de tout mon cœur. Ce que je souhaite aussi et par-dessus tout c’est que tu aies de bonnes nouvelles aujourd’hui de tous tes chers déserteurs, grands et petits [1]. À ce sujet, je te prie de me dire, une fois pour toutes, et si cela te convient, de quelle manière la mère Lanvin doit prendre des nouvelles de tes enfants ; est-ce sous la forme officieuse comme l’autrefois (et qui a médiocrement réussia) ? Est-ce sous la forme officielle ouvertement de ta part ? Je ferai de point en point ce que tu me commanderas par l’entremise de Mme Lanvin. Comme il faut que j’écrive à Louis [2] pour lui annoncer Garnier je profiteraib de l’occasion pour informer la mère Lanvin de ce que tu attends d’elle. Voilà, mon cher adoré, ce que ma mouche de coche bourdonne à ton oreille. Prêtes-yc l’attention que tu voudras pourvu que tu n’oublies pas de m’aimer autant que je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 300
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « réussie ».
b) « profiterais ».
c) « pretes-y ».