Guernesey, 22 sept[embre] [18]72, dimanche matin, 6 h. ¾
Cher bien-aimé, puis-je me fier à ton signal [1] matinal et croire que tu as bien dormi toute la nuit ? En attendant ta réponse, je prends l’espérance comme une certitude et je m’en fais une joie. Je vois avec plaisir que les dames Duverdier n’auront pas une trop mauvaise traversée ce matin. Je regrette que ces aimables femmes n’aient pas pu prolonger leur villégiature à Guernesey ne fût-cea qu’au point de vue de Mme Charles qui apprécie et qui aime leur compagnie. Je désirerais aussi, et surtout, que tu pussesb retenir quelque temps auprès de toi le charmant et vaillant collaborateur du Rappel [2], M. Lockroy. Ce serait pour ton fils Victor [3] la meilleure recrue pour combler les lacunes que ton travail fait forcément dans la journée entre toi et lui. Au reste, autant que je puis me permettre d’émettre une opinion, tu feras bien l’année prochaine de commencer ta villégiature beaucoup plus tôt afin de faire profiter tes hôtes de tous les plaisirs et de toutes les curiosités de cette île. Si je dis des bêtises, comme c’est probable, j’apporte ma tête… mon cœur et mon âme pour que tu en disposesc à ton gré ; je t’adore, est-ce clair ?
BnF, Mss, NAF 16393, f. 263
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « fusse ».
b) « pusse ».
c) « dispose ».