Paris, 27 juillet [18]72, samedi soir, 4 h.
Cher adoré, tu m’as paru fatigué et soucieux tantôt quand tu es venu. Je ne peux pas dire, connaissant toutes tes préoccupationsa, que j’en suis surprise mais je m’en attriste et je m’en inquiète surtout quand cela va jusqu’à t’empêcher de dormir comme cette nuit. Je me figure que tu serais plus tranquille à Guernesey et plus heureux aussi surtout si tu pouvais y avoir petit George et petite Jeanne en permanence c’est ce qui me fait souhaiter de revenir au plus tôt dans ce bon petit pays oùb on s’aime de si près et si tranquillement. Malheureusement les derniers arrachements sont les plus tenaces et je crains que notre départ ne recule indéfiniment devant mon impatience. J’ai vu passer ton fils tout à l’heure qui allait chez lui et chez toi. Nous avons échangé une pantomime très expressive et très aimable tous les deux. J’espère qu’il viendra dîner ce soir. Quant à P. Meurice, on ne sait pas s’il rentrera assez à temps pour lui transmettre ton invitation utilement. « Voici, monsieur le Général, le récit littéral qu’a fait le caporal [1] » avec lequel j’ai l’honneur de vous aimer en toute occasion ou secrète ou publique [2].
BnF, Mss, NAF 16393, f. 215
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « préocupation ».
b) « ou ».