Guernesey, 25 décembre, [18]65, lundi matin, 8 h. ¾
Quand on prend du sommeil, on n’en saurait trop prendre. C’est pourquoi, mon cher petit homme, je vous fiche mon bonjour si tard. Une fois n’est pas coutume et il serait à désirer que vous en ayez fait autant de votre côté et dans les mêmes conditions. Somme toute, j’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu ne me reprocheras pas trop ma paresse. Quand tu écriras à ton Charles, pense donc à le remercier de nouveau pour moi de son beau cadeau dont je suis de plus en plus ravie et qui est arrivé intact [1]. Je te demanderai encore de me donner une minute pour résoudre la difficulté de la lanterne [2] à moins que tu ne préfères l’ajourner comme le reste jusqu’après ton livre [3]. Seulement, il faut prendre l’un ou l’autre parti tout de suite [trois lignes sont illisibles]. Je sens que je te tourmente, mon pauvre bien aimé, mais ce n’est pas de ma faute. Moi-même, je subis à l’occasion beaucoup de divers embêtements, témoin l’activité agaçante et sans utilité de mes deux servardes [4] impatientes d’aller à leur messe ce matin. Je n’ai de joie qu’en toi et de bonheur que par toi. Je t’adore et voilà mon affaire. Tout le reste n’est que fatigue et ennui. Colle-toi ça dans le fusil [5].
BnF, Mss, NAF 16386, f. 217
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette