Guernesey, 11 novembre [18]68, mercredi matin, 7 h. ½
Very good, very nicea, very [illis.] [1] nuit que je dépose aux pieds de la vôtre avec emportement. Maintenant voyons un peu votre style et votre anglais. Je ne serais pas fâchée de les connaître et de les mesurer sur les miens. Cher adoré, tout ce fonne [2] veut dire que je t’aime, que j’espère que tu as aussi bien dormi que moi et que je crois que tu m’aimes. Ai-je raison ? C’est ce que tu me diras tantôt. En attendant, je persévère dans mon amour, dans ma confiance et dans ma gaîté.
Est-ce aujourd’hui que tu visitesb le Salon de peinture de Guernesey [3] ? Je n’y OBJECTE pas, surtout si tu me PAIES une visite en allant et en revenant de cette exposition des beaux arts du cru. Si je ne craignais pas d’endosser quelques rhumatismes de plus, je t’aurais prié de m’y mener avec toi, non pour l’amour de l’art, mais pour mon seul amour à moi. Malheureusement ma podagrerie impose de dures privations à mon cœur et je suis forcée par prudence de rester chez moi encore cette fois-ci. Ho ! quelle revanche je reprendrai quand je serai sur mes quatre pattes !
BnF, Mss, NAF 16389, f. 310
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Blewer]
a) « niss ».
b) « tu visite ».