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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 juillet [1839], jeudi après-midi, 2 h.

Croirais-tu mon cher bien-aimé que je suis levée depuis 8 h. ½ et que je n’ai pas eu le temps de t’écrire auparavant ? À présent, quoique j’eusse déjà préparé mon papier et commencéa à tailler mes plumes à 9 h. du matin, d’un côté Claire et M. Lanvin qu’il a fallu recevoir. À propos, Lanvin m’a dit de bien te remercier de ce que tu avais fait pour le faire payer pendant le temps qu’il a été malade. Je n’ai pas beaucoup compris sinon qu’il t’avait vu avec Constantin au théâtre. Comme tu ne m’as pas parlé de cet incident je ne sais pas ce que ça veut dire et je compte te demander des explications. En attendant j’ai reçu ses remerciementsb. Après Lanvin est venue Mme La propriétaire avec des papiers plus hideux les uns que les autres, que j’ai fait laisser à la maison pour que tu les voies. Ensuite et pour lui faire plaisir, il m’a fallu visiter sa maison depuis le haut jusqu’en bas. Enfin à 11 h. et ½ j’en ai été seulement débarrassée. Il m’a fallu ensuite déjeuner et après déjeuner habiller Claire pour en être débarrassée. Enfin il est 2 h., je suis sale comme un peigne et je n’ai pas perdu une minute. J’oubliais de te dire que j’ai donné de NOTRE part la bouteille de vin au vieux peintre qui n’est pas si vieux que je croyais. Et puis je t’aime et puis je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 69-70
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « commencer ».
b) « remerciments ».


4 juillet [1839], jeudi, 9 h. du soir

Je vous attends de pied ferme, mon Toto, avec une bonne conscience et un cœur plein d’amour. J’espère que la pluie, à défaut d’autre raison, vous amènera plus vite que vous ne l’auriez voulu. Je ne suis pas très satisfaite de l’achat de mes assiettes, d’une surtout, elle ne tient pas et ses attaches prétendues chinoises n’attachent rien et sont mises en dedans ! Enfin, telles qu’elles sont, ellesa me plaisent car elles sont un monument VIVANT de votre bonté et de votre charmante complaisanceb. J’ai raconté à Mme Pierceau l’incident du vieux peintre qu’elle a vu le jour où elle a dîné chez moi et qu’elle trouve très ressemblant. Elle a été très touchée de ton excessive bonté. Quant à moi j’en suis comblée et ravie. Je suis heureuse et fière d’avoir un amant si bon et si charmant. Jour un petit o, jour, mon gros To. J’ai trouvé la mère Pierceau prête à dîner. J’ai envoyé chercher un supplémentc à son pot-au-feu et j’ai tout dépensé mes 32 sous, dame ce n’est pas une économie mais ça n’est pas très amusant et alors on n’y regarde pas de si près. Baisez-moi, mon cher petit bien-aimé, baisez-moi, aimez-moi et venez déjeuner cette nuit. Nous avons nos provisions, ainsi vous n’avez pas besoin de gagner d’argent. Ô je te dis cela, mon adoré, non pas pour rire ni pour me moquer, car j’ai le cœur plein d’amour et de piété devant tant de dévouement. Tu es mon pauvre sublime adoré. Je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 71-72
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « elle ».
b) « complaisances ».
c) « suplément ».

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