Guernesey, 19 avril [18]68, dimanche, 7 h. du matin
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’aime. Je pense à toi avec tous les attendrissements. Il me semble que mon cœur, que mon amour, que mon âme sont à vifa depuis la mort du pauvre petit Georges [1] et que mes baisers sont des larmes dont je voudrais inonder tes pieds.
Cher, cher bien-aimé, je prie Dieu de nous rendre au plus vite l’âme de cet adorable petit être sous sa forme visible [2] pour que tu sois consolé et réjoui autant que tu es navré et malheureux depuis sa disparition de ce monde. J’espère qu’il nous exaucera. Je le lui demande avec ce que j’ai de plus religieux et de plus fervent en moi.
Comment as-tu passé la nuit, mon pauvre adoré ? Bien, n’est-ce pas ? Moi aussi assez bien. Tâche de penser à apporter de la collation tantôt. En attendant, je t’adore et je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 110
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) « à vifs ».