Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1851 > Juillet > 11

11 juillet [1851], vendredi matin, 7 h.

Bonjour, toi que j’aime, bonjour, mon petit homme, bonjour, mon bonheur, bonjour, ma vie, ma joie, mon âme, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? À quelle heure t’es-tu couché hier, mon bon petit homme ? Il ne suffit pas de rester chez toi pour éviter l’influence de l’humidité, il faut encore, pour te guérir, que tu ne veilles pas trop tard et que tu ne te fatigues pas, deux choses bien difficiles pour un homme aussi pris et aussi occupé que toi. N’oubliea pas dans tous ces tracas de la politique qu’il faut que tu sois guéri avant la fin de l’été. Quant à moi il m’est impossible de penser à autre chose qu’à ta pauvre gorge et à tout ce qui peut lui nuire ou la guérir. C’est pourquoi tous mes gribouillis sont pleins de toute cette sollicitude rabâcheuse. Je n’ai pas accepté tes billets pour aujourd’hui parce que la curiosité de ma jeune péronnelle [1] n’aurait pas trouvé à se satisfaire à cette hauteur. Quant à moi, si je pouvais y aller seule et tous les jours et avec la certitude de te voir tout le temps, je n’y manquerais pas, quels que soient la place et l’entourageb mais ce qui serait pour moi une joie et un bonheur devient pour un indifférent de la fatigue et de l’ennui sans compensation. La première fois que tu auras deux places de tribune basse dont tu pourras disposer tu me les donneras et j’en profiterai pour te voir de plus près. Il sera bien malheureux si tu parles dans cette discussion de la révision que je ne puisse pas t’entendre, non seulement pour admirer plus tôt les belles et sublimes choses que tu diras, mais pour te prêter toutes les forces de mon cœur et de mon âme pendant cette effroyable lutte dans laquelle cette infâme droite emploiera toutes les plus déloyales manœuvres pour couvrir ta voix et pour épuiser tes forces. Quels que soit la fatigue et le malc que tu éprouveras ils seront centuplés par mon imagination et par mon amour qui ne peut pas supporter pour toi la pensée d’une contradiction ou d’une souffrance. C’est pourquoi je regrette tant de ne pas pouvoir assister à la séance ou tu combattras dans de si mauvaises conditions et contre de stupides et déloyaux adversaires.

BnF, Mss NAF 16369, f. 111-112
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « N’oublies ».
b) « quelque soit la place et l’entourage ».
c) « quelque soit la fatigue et le mal ».

Notes

[1Il s’agit probablement d’Émilie Sarrazin de Montferrier avec qui Juliette Drouet va régulièrement au théâtre ou à l’opéra durant l’année 1851.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne