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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juillet 1852

Bruxelles, 8 juillet 1852, jeudi après-midi, 1 h.

Cher petit homme tu aurais eu besoin sans doute que je te copiasse quelque chose et tu t’en es privé à cause de cette bête de Suzanne qui t’a dit que j’avais mal à la main. Mais mon petit homme tu aurais dû penser que cela ne m’empêchait pas de copier. À preuve c’est que je n’ai cessé que deux jours sur vingt et cela pendant les plus grands paroxysmes de mes attaques. Je regrette que tu n’aies pas songé à cela car j’aurais eu bien du bonheur à te consacrer ma journée entière. Du reste si tu viens de bonne heure je pourrai m’y mettre tout de suite et rattrapera le temps perdu. D’ici là je tâche de faire disparaître cette absurde douleur qui abuse de l’hospitalité que je lui ai lâchement donnée. Je viens de faire acheter de l’eau de Cologne pour l’exorciser en la houspillant de la bonne manière.
Cher petit homme, savez-vous que je m’abonnerais très bien à la calèche à perpétuité et que je m’acoquinerais trop bien à ces promenades aristocratiques. Aussi je vous conseille de ne pas m’habituer à ces ravissantes dorlotteries et à reprendre au plus vite nos courses pédestres. Il vaut mieux conserver nos moyens, si nous en avons, pour une petite excursion d’un mois, soit en Écosse soit en Irlande. Il me semble que si nous pouvions avoir ce bonheur [1] encore une fois tous mes maux physiques et moraux disparaîtraient pour ne plus jamais revenir. En attendant je me contente très bien d’une petite promenade bras dessus bras dessous d’une heure appuyée sur ton cher petit bras pendant laquelle tu souris aux agaceries des belles filles flamandes par les fenêtres ouvertes. Vous voyez que je ne suis pas difficile à contenter et qu’il ne faut pas avoir une heure dans la journée pour me refuser ce bonheur si peu compliqué.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16371, f. 149-150
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

a) « rattrapper ».

Notes

[1Les voyages que Juliette Drouet et Victor Hugo effectuent au rythme régulier d’un par an entre 1835 et 1840 sont pour elle des périodes de plaisir comme le montre Jean-Marc Hovasse dans « Le plaisir d’être en voyage ou les voyages vus par Juliette », Mon âme à ton cœur s’est donnée, Juliette Drouet-Victor Hugo, Maison de Victor Hugo/ Paris Musées, 2012, p.135-144.

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