Paris, 6 juillet 1881, [mercredi] midi
Cher bien-aimé, voici l’heure d’entrer chez toi et l’heure de savoir comment tu as passé la nuit et le moment de te dire que je t’aime et celui de te demander si tu me le rends. En attendant je te bâcle ma restitus tant biena que mal car mon mal de tête permanent me fait tout à fait idiote. Heureusement qu’il n’y a pas besoin d’esprit pour aimer. Le cœur sait faire cette besogne à lui seul et je t’assure que le mien s’en acquitte bien.
Tu n’as pas de Sénat aujourd’hui mais tu as, par contre, et comme pour donner un démenti à ce que j’affirmais hier à Camille Doucet, une convocation pour aujourd’hui à l’Académie pour la désignation au concours biennal, lecture par M. Tissot. De plus tu avais l’intention d’allez chez Rothschildb aujourd’hui. Je crois que tu feras bien de donner la préférence à ce-dernier. Pour ma part je serais heureuse de terminer enfin cette affaire des trente-cinq actions [1]. Il me semble que je t’aimerais d’un cœur plus léger, sinonc plus ardent.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 150
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « tant que bien ».
b) « Rotschild ».
c) « si non ».