Paris, 20 septembre 1881, mardi matin, 8 h.
Bonjour, mon tout bien-aimé, puisse cette belle journée t’apporter tout le bonheur que tu mérites et auquel tu as tous les droits. Il est probable que nous aurons aujourd’hui des nouvelles directes de Paul Meurice et de Vacquerie puisqu’ils sont revenus depuis hier à Paris, Vacquerie excepté qui ne reviendra, probablement, que la veille du mariage [1]. J’ai hâte de les savoir près de nous, ces précieux et chers amis, de si bonsa conseils et d’un dévouement si sûr, en ce moment même où une autre sale lettre plus immonde, si c’est possible, et plus odieuse que la première est arrivée ce matin [2]. Le cynisme et l’audace de ces lettres infectes me mettentb hors de moi. Il me semble, à moi, impossible de ne pas mettre un terme à un chantage révoltant que ton indifférence exaspère. Après cela je ne suis pas bon juge en ces sortes de crimes, ne les ayant jamais vus de si près. Toi seul et tes amis, si tu crois nécessaire de les consulter en cette circonstance, peuvent résoudre ce difficile problème de toucher à ces immondices morales sans se salir. Moi je ne sais que t’aimer à genoux comme mon Dieu terrestre.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 212
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « bon ».
b) « met ».