Paris, 26 mai 1881, jeudi matin, 7 h.
Je suis bien contente, mon doux adoré, que ta nuit ne se soit pas trop ressentie de l’orage qu’il a fait. Je craignais, d’après moi, que tu n’en sois très agité et cela me tourmentait ; mais, grâce à Dieu, il n’en est rien et j’en suis bien heureuse !
Aujourd’hui pas de Sénat mais jour de grande fête pour les écoliers et les employés. C’est pourquoi nous déjeunerons en tête [à tête] ce matin et au grand complet, 16 personnes, ce soir. Voilà ce que nous vaut l’Ascension. Je ne m’en plains pas, au contraire, puisque tout le monde y trouve son compte.
Tu as plusieurs lettres dont tu ferais bien de prendre connaissance avant dimanche. Puis une carte d’invitation pour le 25 juin de la part du Lord Mayor de Londres [1] qui t’invite à dîner at 6 for ½ past 6 o’clock precisely, Mansion House. Quant au reste, tu le traduiras toi-même. Moi j’ai bien assez de te traduire mon bête de cœur qui t’aime dans une langue surhumaine et divine.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 115
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette