Paris, 17 octobre [18]79, vendredi matin, 10 h.
Bonjour, mon ineffablement bon, doux et grand bien-aimé, je te souris et je t’adore. Tu as passé une très bonne nuit et j’en suis bien contente. Moi, aussi, j’ai très bien dormi et je vais très bien ce matin, à mon genoua près, qui me tourmente plus que de raison [1]. J’ai mis tout de suite à ta disposition le livre d’Aglaüs Bouvenne. Je viens de recevoir un télégramme de Claretieb qui revient aujourd’hui de la campagne avec sa femme et son enfant. Impossible de venir ce soir et il prie qu’on lui permette de venir la semaine prochaine, ce qui est très facile. Jusqu’à présent Clovis Hugues n’a pas répondu pour ce soir ni Carjat non plus.
Tu as plusieurs lettres qui demandent réponse immédiatement entre autres une de Camille Sée à propos de l’Association Philotechnique dont tu es président [2] et Mme Carpentier [3] directrice. La lettre est très explicite et celle de Mme Carpentier aussi : il s’agit d’un conflit municipal sur le local concédé depuis longtemps et qu’on veut retirer à ladite association pour le donner à un autre. Mais tu auras plus tôt fait de voir par toi-même ce qui en est que de t’en rapporter à mon gribouillis. Ce à quoi je te prie de faire une attention particulière, c’est à ceci : que je t’aime plus que ma vie terrestre et que ma vie céleste que je n’accepte qu’à la condition d’être aimée de toi.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 250
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « genoux ».
b) « Clartie »